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Comment intervenir au sujet de la masculinité?

Photo du rédacteur: Philippe-Olivier TremblayPhilippe-Olivier Tremblay

Depuis ma dernière publication, je réfléchis beaucoup à comment j’interviens sur la question de la masculinité au sein de ma pratique privée. Commençons par une définition tirée du site internet du Larousse :

1. Ensemble des comportements considérés comme caractéristiques du sexe masculin. Synonyme : virilité ; contraire : féminité. 2. Pour un groupe donné, rapport des effectifs des individus du sexe masculin à ceux du sexe féminin. (On calcule plus souvent la masculinité par âges ou groupes d’âge, et à la naissance.) 3. Privilège en vertu duquel jusqu’en 1790, dans les successions, les mâles étaient préférés aux filles.

Jusqu’ici, rien de trop surprenant. Il est tout de même intéressant de constater que la notion de privilège est intrinsèquement reliée à la définition de masculinité. Effectivement, à une certaine époque, les propriétaires terriens léguaient leur terre au premier mâle de la famille, même si des femmes le précédaient dans la lignée. Cette pratique a continué d’exister bien après 1790. De plus, il est important de souligner que le contraire de masculinité est défini comme féminité. L’un et l’autre se définissent en opposition à l’autre… ça aussi, c’est intéressant.


Mais revenons-en à nos moutons. Peu importe le sujet d’intervention que j’aborde, l’individu est au centre de mes préoccupations. Je cherche d’abord et avant tout à comprendre ses difficultés, ses besoins, ce qui l’emmène à s’asseoir devant moi et à se confier. Je me concentre sur la qualité de mon écoute, des échanges que nous aurons dans les premiers instants. Je sais pertinemment qu’avant de sauter dans un sujet aussi sensible que la question de la masculinité, il faut au préalable avoir une relation de confiance qui est établie.


Et même lorsque cette relation est établie, la majeure partie du temps, je n’aborde pas nécessairement cette question de front, comme tel, avec les hommes que j’accompagne. Le plus souvent, c’est à travers la lorgnette des difficultés de couples, des relations interpersonnelles ou familiales, des difficultés au travail, des problèmes de communication, que la question de la masculinité finit par être abordée.


Mon objectif n’est pas d’imposer un cadre ou une vision aux hommes que j’accompagne. Ce que je souhaite, c’est leur offrir la possibilité de résoudre les difficultés qu’ils vivent, d’avoir des relations plus harmonieuses. Ce que je tente de construire avec eux, c’est un espace où leurs paroles peuvent se libérer, où ils peuvent grandir et apprendre à communiquer, se connecter à leurs émotions, leur richesse intérieure. Malgré tout, je ne peux pas faire fit du contexte social dans lequel nous évoluons et qui impose certaines normes, anciennes et nouvelles, qui forcent les gens à se remettre en question.


De fait, je ne peux, non plus, faire fit de ma propre subjectivité, de mes peurs, préjugée et principes lorsque j’interviens, ne serait-ce que pour en réduire leurs influences sur ma capacité d’accueillir les gens dans la plus grande ouverture possible. Toutefois, je ne crois pas à l’objectivité absolue en intervention. Il m’apparaît impossible de ne pas me positionner sur certains sujets. Que ce soit sur de grands enjeux sociaux comme la dépendance (travailler en réduction de méfaits est une prise de position), ou encore sur des questions comme : comment définir la masculinité en 2025.


Loin de moi la prétention de me positionner en expert sur la question. Bien au contraire, j’apprends tous les jours un peu plus, j’aiguise mes réflexions à travers lectures et échanges. Je vous invite d’ailleurs à lire l’article suivant du Conseil de l’Europe sur la question que je traite dans la présente publication :



Voici d’ailleurs un extrait fort pertinent pour le reste de ma publication :

Il n’existe pas d’attentes universelles concernant la masculinité : au sein des sociétés, il y a des codes dominants qui exercent des pressions sur les hommes et créent des attentes à leur égard, avec des conséquences pour les femmes, les enfants et la société dans son ensemble. La masculinité varie selon les époques, les contextes socioculturels et au sein des groupes et des réseaux ; et les hommes expriment leur masculinité de façons diverses et parfois contradictoires. Tout comme la masculinité se définit par sa relation avec la féminité, les femmes ont un rôle important à jouer dans l’interprétation et la compréhension de la masculinité, en particulier dans leur interaction avec les hommes et les garçons.

Il fait donc du sens, pour moi, lorsque je réfléchis à la masculinité en 2025 d’affirmer que :


  1. Les hommes sont privilégiés et ont des avantages dans la société du simple fait qu’ils ont un pénis ;

  2. Le corps des femmes n’appartient pas aux hommes ;

  3. La notion de consentement est loin d’être comprise et acquise, même en contexte de couple ;

  4. Les droits des femmes, en 2025, sont menacés plus que jamais ;

  5. La santé sexuelle des femmes est une question complexe, accueillie trop souvent avec incompréhension, banalisation et parfois même violence ;

  6. Le concept de charge mentale est généralement incompris.


Je fais aussi le constat que :


  1. Les préjugés face à la santé mentale chez les hommes sont tenaces ;

  2. La peur d’être vue comme fou ou faible freine les demandes d’aide ;

  3. Le modèle de masculinité qui reproduit les inégalités entre les hommes et les femmes et maintient dans l’actualité des choses qui devraient être acquises, pour de bon, est toujours bien vivant ;

  4. C’est, en autre, ce modèle de masculinité qui provoque les points 1 et 2 ;

  5. Si les hommes ne sont jamais confrontés à leurs comportements inadéquats, il n’y aura jamais de changement ou d’évolution positive ;

  6. Se connecter à ses émotions et les communiquer est encore vue comme quelque chose qui relève de la féminité chez plusieurs ;


Est-ce donc dire que je me ferme et confronte systématiquement toutes les personnes que j’accompagne avec ces constats ? Non. Est-ce donc dire que je me permets de remettre en question certains comportements ou certains commentaires, que j’emmène les personnes que j’accompagne, à réfléchir sur ceux-ci en fonction de l’époque où l’on vit ? Absolument. Il serait insensé pour moi de ne pas remettre en question quelqu’un qui affirme que le corps des femmes lui appartient, qui banaliserait les violences sexuelles, peu importe la richesse intérieure qu’il pourrait posséder.


À un certain moment, il faut appeler un chat, un chat.


Il faut toutefois éviter de tomber dans la généralisation à outrance. Tous les hommes ne sont pas stéréotypés. Tous les hommes ne font pas face aux mêmes difficultés. Malgré tout, tous les hommes doivent composer avec la pression d’une multitude de visions de la masculinité en qui tendent à se polariser de plus en plus. Tout comme Donald Trump est un modèle de l’ancienne masculinité, je crois qu’il est important d’avoir de nouveaux modèles tel que Jean-Nicolas Verreault cherche à le faire dans le documentaire que je mentionne dans ma dernière publication.


Je concluerai en vous invitant à visiter la section contexte du site web de l'organisme Des hommes qui changent : https://deshommes.ca/contexte


Et vous, vous en pensez quoi ?


N’hésitez pas à me partager des lectures ou suggestions sur le sujet !




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