Les gars, faut qu'on se parle... ou la poursuite nécessaire de la redéfinition de la masculinité
- Philippe-Olivier Tremblay
- 24 janv.
- 3 min de lecture
Nous sommes en 2025. Les États-Unis viennent de proclamer président un presque octogénaire. Ce dernier, en l’espace de 72 h, a fait reculer son pays d’au moins 50 ans sur l’égalité, l’inclusion et la diversité, l’écologie, la santé et bien plus. Les milliardaires jubilent et se mettent à genoux devant le grand-père dictateur et font tomber à leur tour des mesures d’inclusions. Pendant ce temps, le milliardaire psychopathe se permet de faire un salut nazi, et les médias tergiversent, trouve le moyen de ne pas appeler un chat, un chat. Mathieu Bock-Côté délire, comme d’habitude.
Pendant ce temps, dans ma maison au nord de l’Amérique, je regarde l’actualité et je fais un peu d’anxiété. La montée de l’extrême droite vient légitimiser, de nouveau, une vision de la masculinité surannée qui aurait dû être reléguée à un autre siècle, pour de bon. Cette manière d’être un homme n’a jamais été mienne ; je ne me suis jamais senti bien dans ce moule, même si je m’y suis conformé en partie, un peu contre mon gré, par manque de moyen. Trop sensible, trop le besoin de m’exprimer, pas assez compétitif.
Heureusement, plusieurs personnes croisées au fil du temps m’ont permis de me définir autrement, de construire mon propre moule. Dans les dernières années, j’avais espoir que nous réussirions à nous affranchir de ces vieilles manières d’être. J’espérais que le balancier ne nous reviendrait pas trop vite, trop fort dans le visage. Peut-être parce que je suis entouré de gens qui partagent des valeurs similaires, peut-être parce qu’une partie de moi est un éternel optimiste, qui croit en la possibilité de changer. Et qui y croit toujours.
Alors que le monde était tourné vers le passé, deux autres nouvelles ont capté mon attention :
Les gars, faut qu’on se parle : https://www.lapresse.ca/arts/television/2025-01-22/les-gars-faut-qu-on-se-parle/faire-tomber-les-barrieres-en-prechant-par-l-exemple.php?utm_source=dlvr.it&utm_medium=bluesky
Une campagne choc pour les hommes victimes d’abus sexuel : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2133743/agression-sexuelle-homme-victime-emphase
La première, c’est la parution d’un documentaire piloté par Jean-Nicolas Verreault. Ce dernier aborde la question de la santé mentale chez les hommes avec l’objectif de faire un état des lieux de la situation actuelle. Il y récolte des témoignages de personnalités connus qui ont vécus des troubles avec leur santé mentale. Il y constate aussi la résistance toujours présente quand vient le temps d’aller chercher de l’aide, de parler quand ça ne va pas.
La deuxième, c’est une campagne de publicité d’un organisme exceptionnel avec lequel j’ai la chance de collaborer à l’occasion. Emphase Mauricie travaille avec les hommes victimes d’abus sexuel.
Une gigantesque pancarte affichant « J’ai été violé », noir sur blanc, est visible depuis quelques jours à Trois-Rivières. Cette campagne-choc a notamment pour but de faire connaître l’organisme derrière elle. Emphase Mauricie—Centre-du-Québec espère que plus d’hommes victimes d’abus sexuels iront chercher de l’aide grâce à cette publicité.
Pour moi, ces deux nouvelles se parlent, pointent dans la même direction. De voir qu’au Québec, en 2025, ces discours trouvent toujours leur place, malgré le retour vers le passé en puissance des derniers mois, je me dis que c’est encore possible, qu’il faut continuer d’y croire. Tout le travail qui a été fait depuis des décennies n’est pas en vain, mais la lutte doit continuer pour transformer les mentalités et agir comme rempart face à certains non-sens.
Parler, ce n’est pas être faible.
Pleurer, ça n’a rien à voir avec ton sexe.
Avoir besoin d’aide, ce n’est pas honteux.
Si ça ne va pas bien, demande de l’aide s’il te plaît.
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